Introduction à l'écriture japonaise : partie 1

Publié le par DM

Pour les langues telles que le chinois ou le japonais il existe des systèmes de translitération qui permettent de transposer des signes tels que les idéogrammes, par exemple 入身, dans notre langue alphabétique latine devient  "Irimi". C'est ce que l'on appelle l'écriture "rômaji", littéralement écriture romane.
Tout n'est pas aussi simple, il existe plusieurs systèmes de transcription. Pour le japonais c'est le système Hepburn qui est le plus usité même si ce n'est pas celui  qui est officiel.
Dans tout les cas il faut respecter quelques conventions de prononciation.  Si on reprend le cas de "irimi", le "r" se prononce entre le "r" roulé et le "l", d'où certaines confusions entre "irimi" et "illimi" qui en fait,  désignent la même chose....
Il faut ajouter qu'il existe beaucoup d'homonymes dans le langage nippon, alors qu'il n’y  a pas de confusion possible dans la lecture originale : ils s’écrivent avec des KANJI différents. Dans la conversation, ils s’identifient par le contexte ou par leur mode de prononciation qui est variable.


En ce qui concerne le pratiquant d'aïkido, on pourrait en rester là, le vocabulaire  est relativement limité et l'objectif n'est pas d'apprendre le japonais.
 

Cependant, je reprendrais l'argumentaire de Joël Bellasen et Wong Wa. « Les idéogrammes chinois ou l’empire des sens »
« Une langue et son écriture, que celle-ci soit idéographique ou phonétique, ne sont pas  une simple strate de connaissance, mais quelque chose qui structure l’individu. À travers une langue et une écriture particulières transparaît une perception et une approche du monde différente. Et quand celle-ci privilégie le sens, la combinaison l’espace et l’image contre la verbalisation et le découpage analytiques, il peut être intéressant d’observer en quoi certains aspects d’un univers culturel (philosophie, psychologie, esthétique, tradition pédagogique, ….), peuvent se déduire en partie de la nature même de cette écriture. »

 
Approche simplifiée de l'écriture japonaise.

Jusqu’au IVème siècle les Japonais n’ont pas de système d’écriture. Le Japon empruntera les graphies chinoises ainsi qu’une foule de termes et de textes chinois.
Ils durent adapter l’écriture chinoise aux caractéristiques de leur langue : les mots chinois sont monosyllabiques et invariables tandis que le japonais est une langue polysyllabique dont les mots sont modifiés par l’adjonction de terminaisons et de suffixes.
Un texte japonais comporte une proportion variable de caractères chinois, les « kanji », et de caractères phonétiques, les « Kana ».

Les « kana »
le syllabaire kana comporte en signes qui se déclinent en deux catégories de 46 signes graphiques complémentaire : les hiragana et les katana.

Les katana : 
La  structure des katana est rigide et anguleuse

ils ont été crées dans le but de simplifier l’écriture chinoise. Chaque katana conserve quelques barres et points de son caractère d’origine mais garde sa valeur phonétique d’origine.
Ils servent à transcrire des mots d’origine autre que chinoise ou Japonaise ainsi qu’à préciser la prononciation d’un caractère chinois peu utilisé.

Les hiragana :
 
À l’inverse des katana, les hiragana ont une apparence onduleuse et souple.

Ils sont dérivés des graphies de l’écriture cursive de caractères chinois : ils servent à transcrire phonétiquement tout ce qui dans la langue japonaise diffère trop du chinois pour être rendu par des caractères.
Très longtemps les femmes n’apprenaient que les hiragana ce qui ne leur laissait l’accès qu’aux textes « vulgaires » :  romans japonais ou autres textes  qui étaient le plus souvent transcrit ainsi.
Les textes « sérieux », philosophiques, scientifiques, ou historiques n’étaient transcrits qu’en caractères chinois.

Les « kanji »
Kanji signifie "caractère d'écriture des Han

Il s’agit d’une écriture figurative où il est tout à fait possible d’apprendre le sens d’un caractère sans en connaître sa prononciation
Ni les japonais, sous la pression américaine d’après la guerre, ni la révolution culturelle chinoise n’auront raison de ce système d’écriture unique.
Jusqu’à la seconde guerre mondiale tout caractère chinois pouvait être employé en japonais . Aujourd’hui leur nombre est officiellement limité à 1800 caractères sur les 8000 utilisés par les lettrés et calligraphes.


Dans « l’écriture et la  psychologie des peuples » Jacques Grenet écrit :

« Alors que les écritures alphabétiques sont assez étroitement liées à cette réalité changeante qu’est le langage, ce que fit au contraire de l’écriture chinoise – et de la langue écrite chinoise – un remarquable instrument de civilisation, c’est son indépendance à l’égard des diversités dialectales et même linguistes.
Les japonais, dont la langue diffère pourtant si profondément du chinois par son polysyllabisme et sa syntaxe, ont emprunté tout leur vocabulaire graphique savant à la chine.
Cet héritage pèse d’un poids si lourd et il a une telle valeur à la fois du point de vue sémantique et du point de vue esthétique que les Japonais n’ont pu se résoudre à le sacrifier au profit d’une écriture alphabétique qui aurait  pour effet  une confusion des sons et des formes. »


Publié dans AIKI-Kanji

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